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« Au commencement était le Verbe,
et le Verbe était tourné vers Dieu,
et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement tourné vers Dieu.
Tout fut par lui.
Et rien de ce qui fut ne fut sans lui.
En lui était la vie
et la vie était la lumière des hommes,
et la lumière brille dans les ténèbres,
et les ténèbres ne l’ont point comprise. […]
Le Verbe était la vraie lumière qui,
en venant dans le monde illumine tout homme.
Il était dans le monde,
et le monde fut par lui,
et le monde ne l’a pas reconnu. »

[Evangile selon Jean]

Bonjour, communauté inexistante, ici commence un nouveau blog, je recommence.
Pourquoi? Eh bien précisément pour commencer une nouvelle « vie » bloguesque, personne ne me connaît, je suis cachée, toutes mes erreurs passées sont effacées. Ici il y aura mes montages, mes monologues (parce que j’aime monologuer), et peu de visiteurs. Alors cher innocent qui passera peut-être par ici, ne t’attarde pas, tu ne trouveras ni soupe pour canidés, ni scoop sur ma vie privée, ni rien qui puisse t’intéresser. Si vraiment tu tiens à rester, regarde les images, lis, commente si tu veux, sens toi libre, et si tu veux partir et bien adieu, ça m’a fait plaisir de te voir passer ici.
Mais cela ne dit pas pourquoi un blog. Un blog pour parler, parce que le Verbe est vie, parce que tout passe par le Verbe, parce que la pensée est Verbe, et que everybody needs a place to think. Ici est my place to think, je montre mes montages mais avant tout je parle, je pense.

Je ne pense jamais, je suis bien trop intelligent pour ça.

Lovers dallied upon divans spread with sables. Frozen roses fell in showers when the Queen and her ladies walked abroad. Coloured balloons hovered motionless in the air. Here and there burnt vast bonfires of cedar and oak wood, lavishly salted, so that the flames were of green, orange, and purple fire. But however fiercely they burnt, the heat was not enough to melt the ice which, though of singular transparency, was yet of the hardness of steel. So clear indeed was it that there could be seen, congealed at a depth of several feet, here a porpoise, there a flounder.

- V. Woolf, Orlando -

In short, nothing could exceed the brilliancy and gaiety of the scene by day. But it was at night that the carnival was at its merriest. For the frost continued unbroken; the nights were of perfect stillness; the moon and stars blazed with the hard fixity of diamonds, and to the fine music of flute and trumpet the courtiers danced.

- V. Woolf, Orlando -

ANTIGONE. - Vous me dégoûtez tous, avec votre bonheur. Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier ou alors je refuse. Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite ou mourir.

Ibant obscuri sola sub nocte per umbram, perque domos Ditis vacuas et inania regna. quale per incertam lunam sub luce maligna est iter in silvis, ubi caelum condidit umbra Iuppiter, et rebus nox abstulit atra colorem. Vestibulum ante ipsum, primisque in faucibus Orci Luctus et ultrices posuere cubilia Curae ; pallentesque habitant Morbi, tristisque Senectus, et Metus, et malesuada Fames, ac turpis Egestas, terribiles visu formae: Letumque, Labosque ; tum consanguineus Leti Sopor, et mala mentis Gaudia, mortiferumque adverso in limine Bellum, ferreique Eumenidum thalami, et Discordia demens, vipereum crinem vittis innexa cruentis

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris; j'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes; Je hais le mouvement qui déplace les lignes, Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

- Baudelaire, La beauté -

Selfishness is not living as one wishes to live, it is asking others to live as one wishes to live.

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant d'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, Et qui n est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Et depuis, ma Pensée - immobile - contemple Sa Splendeur évoquée, en adoration, Et dans son Souvenir, ainsi que dans un temple, Mon Amour entre, plein de superstition. Et je crois que voici venir la Passion.

Un jour qu'il faisait nuit Il s'envola au fond de la rivière. Les pierres en bois d'ébène les fils de fer en or et la croix sans branche. Tout rien je la hais d'amour comme tout un chacun. Le mort respirait de grandes bouffées de vide. Le compas traçait des carrés et des triangles à cinq côtés. Après cela il descendit au grenier. Les étoiles de midi resplendissaient. Le chasseur revenait carnassière pleine de poissons sur la rive au milieu de la Seine. Un ver de terre marque le centre du cercle sur la circonférence. En silence mes yeux prononcèrent un bruyant discours. Alors nous avancions dans une allée déserte où se pressait la foule. Quand la marche nous eut bien reposés nous eûmes le courage de nous asseoir puis au réveil nos yeux se fermèrent et l'aube versa sur nous les réservoirs de la nuit. La pluie nous sécha.

Une odeur nocturne, indéfinissable et qui m'apporte un douté obscur, exquis et tendre, entre par la fenêtre ouverte dans la chambre où je travaille. Mon chat guette la nuit, tout droit, comme une cruche. Un trésor au regard subtil me surveille par ses yeux verts. La lampe fait son chant léger, doux comme on l'entend dans les coquillages. Elle étend ses mains qui apaisent. j'entends les litanies, les choeurs et les répons des mouches dans son aréole. Elle éclaire les fleurs au bord de la terrasse. Les plus proches s'avancent timidement pour me voir, comme une troupe de nains qui découvre un ogre. Le petit violon d'un moustique s'obstine. On croirait qu'un soliste joue dans une maison très lointaine. Des insectes tombent dune chute oblique et vibrent doucement, sur la table. Un papillon blond comme un fétu de paille se traîne dans la petite vallée de mon livre.

- Leon Paul Fargue -

Tout cela ne vaut pas le poison qui découle De tes yeux, de tes yeux verts Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers. Mes songes viennent en foule Se désalterer à ces gouffres amers.

- Baudelaire Le poison -

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure Je te porte dans moi comme un oiseau blessé Et ceux-là sans savoir nous regardent passer Répétant après moi les mots que j'ai tressés Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent Il n y a pas d'amour heureux.

Ah. cruel, tu m'as trop entendue. Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur. Eh bien. connais donc Phèdre et toute sa fureur. j'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime, Innocente à mes yeux, je m'approuve moi-même, Ni que du fol amour qui trouble ma raison, Ma lâche complaisance ait nourri le poison. Objet infortuné des vengeances célestes, Je m'abhorre encor plus que tu ne me détestes. Les dieux m'en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc. Ont allumé le feu fatal à tout mon sang ; Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle De séduire le cœur d'une faible mortelle. Toi-même en ton esprit rappelle le passé. c'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé. j'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine, Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine. De quoi m'ont profité mes inutiles soins. Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins. Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes. j'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes. Il suffit de tes yeux pour t'en persuader, Si tes yeux un moment pouvaient me regarder. Que dis-je. Cet aveu que je te viens de faire, Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire.

Eh bien. Régnez cruel ; contentez votre gloire. Je ne dispute plus. j'attendais, pour vous croire, Que cette même bouche, après mille serments d'un amour qui devait tous nos moments, Cette bouche à mes yeux s'avouant infidèle, m'ordonnât elle-même une absence éternelle. Moi-même j'ai voulu vous attendre en ce lieu. Je n écoute plus rien. et pour jamais, adieu. Pour jamais. Ah. Seigneur, songez-vous en vous-même Combien ce mot cruel est affreux quand on aime. Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous, Seigneur, que tant de mers me séparent de vous. que le jour recommence et que le jour finisse, sans que jamais Titus puisse voir Bérénice, Sans que de tout le jour je puisse voir Titus. Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus. l'ingrat, de mon départ consolé par avance, Daignera-t-il compter les jours de mon absence. Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts.

- J. Racine, Bérénice -

L hiver au pays Rebeillard était toujours une saison étincelante. Chaque nuit la neige descendait serrée et lourde. Dans le halo des réverbères, Antonio l'avait vue tomber parfois droite comme une pluie d'orage. Les villes, les villages, les fermes du Rebeillard dormaient ensevelis dans ces épaisses nuits silencieuses. De temps en temps toutes les poutres d'un village craquaient, on s'éveillait, les épais nuages battaient des ailes au ras de terre en froissant les forêts. Mais tous les matins arrivaient dans un grand ciel sans nuages, lavé par une petite bise tranchante

- J. Giono, Le Chant du monde -

A peine sorti de l'horizon, le soleil écrasé par un azur terrible ruisselait de tous côtés sur la neige gelée; le plus maigre buisson éclatait en cœur de flamme. Dans les forêts métalliques et solides le vent ne pouvait pas remuer un seul rameau; il faisait seulement jaillir sur l'embrasement blanc des embruns d'étincelles. Des poussières pleines de lumières couraient sur le pays. Parfois, au large des chemins plats, elles enveloppaient un homme qui marchait sur des raquettes ou bien, surprenant les renards malades à la lisière des|bois, elles les forçaient à se lever et à courir vers d'autres abris. Les bêtes s'arrêtaient en plein soleil avec leurs poils tout salés de neige gelée, dure comme une poussière de granit; elles se léchaient dans les endroits sensibles pour se redonner du chaud et elles repartaient en boitant vers l'ondulation lointaine d'un talus. Le jour ne venait plus du soleil seul, d'un coin du ciel, avec chaque chose portant son ombre, mais la lumière bondissait de tous les éclats de la neige et de la glace dans toutes les directions et les ombres étaient maigres et malades, toutes piquetées de points d'or. On aurait dit que la terre avait englouti le soleil et que c'était elle, maintenant, la faiseuse de lumière.

- J. Giono, Jle Chant du monde -

Qui veut venir avec moi voir apparaître, dans sa triste oasis, au milieu de ses champs de pavots blancs et de ses jardins de roses rosés, la vieille ville de ruines et de mystère, avec tous ses dômes bleus, tous ses minarets bleus d'un inaltérable émail ; qui veut venir avec moi voir Ispahan sous le beau soleil de mai, se prépare à de longues marches, au brûlant soleil, dans le vent âpre et froid des altitudes extrêmes, à travers ces plateaux de l'Asie, les plus élevés et les plus vastes du monde, qui furent les berceaux des humanités, mais qui sont devenus aujourd hui des déserts.

Ce pourrait être un immense apaisement, se dit-elle ; une telle libération. de simplement partir. De dire à tous. Je n’y arriverais pas, vous n’en aviez pas idée ; je ne voulais plus continuer. Il y aurait là une beauté effrayante, comme une banquise ou un désert au petit matin. Elle pourrait, ainsi, pénétrer cet autre paysage ; elle pourrait les laisser tous derrière – son enfants, son mari et Kitty, ses parents, tout le monde -, dans cet univers ravagé (il ne retrouvera jamais son unité, il ne sera jamais tout à fait pur), à se dire l’un à l’autre, à dire à ceux qui poseraient la question. Nous pensions qu’elle allait bien, nous pensions que ses chagrins étaient des peines ordinaires. Nous n’avions pas compris.

- M. Cunningham Les Heures -

Dans l'odeur perverse des parfums, dans l'atmosphère surchauffée de cette église, Salomé, le bras gauche étendu, en un geste de commandement, le bras droit replié, tenant à la hauteur du visage un grand lotus, s'avance lentement sur les pointes, aux accords d'une guitare dont une femme accroupie pince les cordes.

- J.K. Huysmans, A Rebours -

Elle ferma ses petits yeux noirs et replaça sa tête en position. Le chat laissa reposer avec précaution ses canines acérées sur le cou doux et gris. Les moustaches noires de la souris se mêlaient aux siennes. Il déroula sa queue touffue et la laissa traîner sur le trottoir. Il venait, en chantant, onze petites filles aveugles de l'orphelinat de Jules l'Apostolique.

- B. Vian, L'écume des jours -

La boule neigeuse posée sur le bureau paternel contenait un pingouin avec une écharpe à raies blanche et rouge. Quand j'étais petite, mon père me faisait monter sur ses genoux et tendait la main vers la boule. Il la mettait à l'envers, et de la neige s'amassait au sommet, puis il la retournait d'un coup sec. On regardait alors, côte à côte, la neige tomber doucement autour du pingouin. Je m'étais fait la réfléxion qu'il était là, tout seul, et ça m'inquiétait. Quand j'en ai fait part à mon père, il m'a répondu :" Ne t'inquiète pas, enfermé dans son monde parfait, il a la belle vie.

- A. Sebold, La nostalgie de l'ange -

Mais il arriva du fond de la salle un bourdonnement de surprise et d'admiration. Une jeune fille venait d'entrer. Sous un voile bleuâtre lui cachant la poitrine et la tête, on distinguait les arcs de ses yeux, les calcédoines de ses oreilles, la blancheur de sa peau. Un carré de soie gorge-de-pigeon, en couvrant les épaules, tenait aux reins par une ceinture d'orfèvrerie. Ses caleçons noirs étaient semés de mandragores, et d'une manière indolente elle faisait claquer de petites pantoufles en duvet de colibri. Sur le haut de l'estrade, elle retira son voile. c'était Hérodias, comme autrefois dans sa jeunesse. Puis elle se mit à danser.

- G. Flaubert, Hérodias -

Le jour tomba ; des nuages s'amoncelèrent au-dessus du Baal. Le bûcher, sans flammes à présent, faisait une pyramide de charbons jusqu à ses genoux ; complètement rouge comme un géant tout couvert de sang, il semblait, avec sa tête qui se renversait, chanceler sous le poids de son ivresse.

- G. Flaubert, Salammbô -

Avec son flambeau, il alluma une lampe de mineur fixée au bonnet de l'idole ; des feux verts, jaunes, bleus, violets, couleur de vin, couleur de sang, tout à coup, illuminèrent la salle. Elle était pleine de pierreries qui se trouvaient dans des calebasses d'or accrochées comme des lampadaires aux lames d'airain, ou dans leurs blocs natifs rangés au bas du mur. C'étaient des callaïs arrachées des montagnes à coups de fronde, des escarboucles formées par l'urine des lynx, des glossopètres tombés de la lune, des tyanos, des diamants, des sandastrum, des béryls, avec les trois espèces de rubis, les quatre espèces de saphir et les douze espèces d'émeraudes. Elles fulguraient, pareilles à des éclaboussures de lait, à des glaçons bleus, à de la poussière d'argent, et jetaient leurs lumières en nappes, en rayons, en étoiles. Les céraunies engendrées par le tonnerre étincelaient près des calcédoines qui guérissent les poisons. Il y avait des topazes du mont Zabarca pour prévenir les terreurs, des opales de la Bactriane qui empêchent les avortements, et des cornes d'Ammon que l'on place sous les lits afin d'avoir des songes.

- G. Flaubert, Salammbô -